Élizabeth Hoffmann-Lamoureux veut que cela se sache: jamais elle ne s'est approprié le drapeau canadien.Ces derniers temps, les médias anglais ont raconté que cette Belge, par esprit revanchard, a refusé pendant des années de rendre au Canada le tout premier unifolié à avoir flotté au-dessus du parlement canadien.
"Faux, archi-faux", dit la dame, jointe par téléphone à Waterloo, en Belgique. Elle ne décolère pas. "Si j'avais voulu, j'aurais très bien pu le vendre sur e-bay, ce fameux drapeau! J'aurais sans doute eu un bon prix en retour. Mais non, je l'ai gracieusement remis au Canada, et c'est comme ça que l'on salue mon geste dans vos médias? "
Vrai, elle est déçue que le gouvernement du Canada, il y a quelques années, lui ait refusé une pension. À titre de veuve d'un ambassadeur, elle estime y avoir droit. Mais le drapeau et la pension, assure-t-elle, sont deux dossiers bien séparés.
En 1965, plutôt que d'être remis à un musée comme prévu, le premier unifolié a été donné à son mari, feu Lucien Lamoureux, en reconnaissance à sa participation aux débats entourant la naissance du drapeau. "Nous n'étions pas mariés à l'époque", dit Mme Hoffmann-Lamoureux, "mais j'ai su que le débat avait été houleux, que ça avait été une bataille épique entre francophones et anglophones, que les uns voulaient garder l'Union Jack, d'autres non... "
Donc, le drapeau a été donné à ce député, qui est ensuite devenu ambassadeur en Belgique et au Portugal. "Et vous savez ce que c'est", dit Mme Hoffmann-Lamoureux, "quand on déménage souvent comme cela, il y a des boîtes qui suivent, d'autres pas... " Mme Hoffmann-Lamoureux savait bien que l'unifolié traînait quelque part mais dit n'avoir pas réalisé qu'on y accordait ici une importance sentimentale. "Il y a quelques années, le ministère canadien du Patrimoine m'a téléphoné. On voulait analyser le drapeau. On l'a fait, puis on m'a dit que ce n'était pas le bon. J'en ai été étonnée: aurait-on donné un faux à mon mari? "
Source textuelle: Louise LEDUC, La Presse, 20 février 2006
